À 22 ans, diplômée d’archéologie et suite à une longue expérience de médiation scientifique à la Ferme aux Crocodiles (26), j’ai décidé de reprendre mes études dans le domaine de la valorisation et de la médiation culturelle. Mon objectif : Transmettre ma folle passion pour l’archéologie et valoriser le travail des copains sur le chantier. C’est avec cette volonté que j’ai intégré le Master Culture et Communication spécialité Médiations, Musées et Patrimoines à l’Université d’Avignon.
Nos professeurs nous ont soumis un stage basé à Cluny, en Saône-et-Loire, qui m’a tout de suite attiré pour plusieurs raisons. La première : Cluny est l’un des plus grands chantiers d’archéologie médiévale de France, sur lequel j’ai toujours voulu travailler sans en avoir l’opportunité. La deuxième : il s’agissait d’assister l’équipe de la Fédération Européenne des Sites Clunisiens (FESC) dans une des étapes de la constitution de la candidature à l’UNESCO de l’Abbaye de Cluny et de son réseau de sites clunisiens. C’était donc pour moi, une « revanche » mais aussi une façon de valoriser le travail de mes amis qui y fouillent encore.
Vous ne connaissez pas Cluny ? C’est aujourd’hui une jolie petite ville plantée dans un décor vert de pâturages et de vignes absolument magique au lever du soleil. En 910, douze moines du Jura posent un pied sur ce lieu qui leur a été donné par Guillaume d’Aquitaine, dit le Pieu, et y établissent l’abbaye de Cluny dédiée à Saint Paul et Saint Pierre, placée sous la tutelle directe du Pape au Vatican. Cette abbaye s’agrandit, est reconstruite trois fois, et atteint des proportions hors-normes ! « Cluny III », c’est 187 mètres de long, 90 mètres de largeur et 33 mètres de hauteur sous-voûtes. C’est aussi la plus grande église de la chrétienté du Moyen-Âge jusqu’à ce que le Vatican reconstruise Saint-Pierre de Rome en 1626. Plus impressionnant encore, l’Ordre monastique de Cluny s’exporte, et un réseau d’environ 1400 dépendances (monastiques, prieurés, domaines agricoles, etc.) se forme en Europe, de l’Ecosse, à l’Espagne, à la Sicile et même à la Pologne. Ce réseau est considéré comme la « première Europe », et c’est sur ce système que notre Europe s’est construite.
La FESC est une association créée le 18 juin 1994 et dirigée par Christophe Voros qui travaille avec Magdalena Jaimka, chargée de l’administration, et Morgan Monterrat, chargé de communication. Sous la présidence de Rémy Rebeyrotte, cette dynamique petite équipe fait un travail incroyable pour promouvoir le patrimoine clunisien et relier les sites clunisiens entre eux. Leur projet actuel est celui de constituer la candidature de Cluny et de son réseau clunisien au Patrimoine Mondial de l’UNESCO. L’ambition est grande et ma mission consiste alors à identifier les différents représentants qui, dans chaque pays, constitueront un relais à la FESC pour élaborer cette candidature et la structurer sur les plans politiques et scientifiques, mais aussi identifier parmi ce réseau les sites les plus remarquables matériellement et immatériellement parlant.
J’assiste donc la FESC en prenant contact avec eux et pour traiter ces données. Actuellement en pleine enquête auprès des représentants de sites, je les interroge directement et par le biais d’un questionnaire en ligne sur leur possible implication et sur les sites qu’ils représentent. Le traitement de toutes ces données va permettre à la FESC d’élaborer un document sur le processus de patrimonialisation à destination des acteurs, mais aussi et surtout la feuille de mission des membres des comités scientifiques régionaux et celle du comité scientifique international.
Il s’agit ici d’une liste « transnationale », ce qui nécessite que chaque pays concerné se prépare en interne à cette candidature et que chacun d’eux collaborent avec les autres pays. Tous les sites ne peuvent être classés, ils doivent correspondre à différents critères. Ce n’est effectivement pas une mince affaire, à la fin de ces quatre mois de stage, le bien ne sera pas patrimonialisé…il me faudra espérer encore une bonne dizaine d’année que cet important travail portera ces fruits et que je pourrais revenir sur le site, féliciter cette forte équipe de l’aboutissement de ce long projet.
Ce stage est couplé d’un stage de recherche pour l’Université d’Avignon et je collecte des données sur les politiques culturelles de valorisation patrimoniale numérique mises en place depuis les années 1990, soit les premiers dispositifs numériques de médiation. Je rencontre des guides, des politiques, des archéologues, des ingénieurs, des acteurs du tourisme mais aussi des infographistes lors d’entretiens qui me permettent de retracer l’histoire du numérique à Cluny. De nombreux projets, avec un seul et même objectif : rebâtir virtuellement l’abbatiale détruite.
Ces deux stages me donnent ensemble une véritable idée de l’histoire du développement des dispositifs numériques et du développement d’un réseau culturel européen. S’il fallait définir Cluny, je dirais qu’il s’agit d’un épicentre culturel, et ce…depuis 910.
1 commentaire
Brioude bernard · 16 juillet 2019 à 20 h 36 min
C’est bien ma grande belle présentation. Je suis fier de toi.