Du 25 au 27 novembre, quatre membres de Muséocom ont participé à la première édition d’Ardèche Mix Camp, fondé sur le même principe que Muséomix, cette fois appliqué au patrimoine ardéchois. Retour sur une expérience immersive et créative exceptionnelle.
C’est vendredi 25 au matin qu’une quarantaine de mixeurs de tous horizons sont chaleureusement accueillis par l’équipe organisatrice au domaine Olivier de Serres du Pradel à Mirabel. Le kit du parfait mixeur est remis aux participants, et après un repas digne du patrimoine local, chacun s’interroge sur ce qu’il n’a jamais osé faire dans un lieu patrimonial, puis place à l’immersion.
Les mixeurs se rendent par équipe sur le site de leur choix pour les visiter, mais aussi pour certains, y passer la nuit. Direction l’oppidum de Jastres, les Grottes de Saint-Marcel, les empreintes de dinosaures à Saint-Julien du Serre, le domaine Marc Seguin à Varagnes, et les tourbières de Montselgues. Sur place, chacun a pour mission de réaliser une vidéo pour rendre compte de ses impressions sur le patrimoine naturel en question. En tête, la thématique « rendre visible l’invisible », fil rouge qui guidera la réflexion des participants tout au long du week-end. Le lendemain, neuf équipes, créatives cette-fois, se forment avec pour objectif la conception d’un dispositif de médiation et la réalisation de son prototype. Tous les moyens techniques sont mis à disposition pour aider les participants dans leur réalisation grâce aux facilitateurs (membres mis à disposition de chaque équipe) et aux techniciens du Fablab : imprimantes 3D, découpeuse laser, CNC, programmation… bref tout est possible !
Regards croisés de Flavie Biteau, Anouck Chaperon, Mathilde Heuzé et Léa Muron, les mixeuses d’un week-end :
Flavie – Grottes de Saint-Marcel / Concept “O.T. pour E.T.”
Le vendredi, j’ai décidé, de découvrir la grotte Saint Marcel. A 14h, munis de nos sacs de couchage, direction le bus pour 1h de trajet, c’est l’occasion de découvrir les 13 autres membres de mon équipe aventurière. Une nuit magique malgré les pieds mouillés et le taux d’humidité à 100 % qui n’ont pas favorisé un bon sommeil.
Mon groupe, nommé « O.T. pour E.T. » a travaillé sur un dispositif LowTech (sans nouvelles technologies) qui a pour objectif de mettre en éveil les cinq sens. Cinq boîtes, pour cinq sens donc. La première, la boîte à son, se déclenche en tournant une manivelle et informait sur l’utilisation des autres boîtes. La deuxième, la boîte à vue, permet de découvrir le paysage autrement en ajoutant ou en enlevant des calques. La dernière boîte enfin est celle des odeurs.
Accompagnée d’une équipe aux compétences variées, j’ai appris énormément et apprécié cet élan de création, puisqu’en deux jours, il faut présenter un projet viable et le concevoir !
C’est un excellent moyen de partager, d’échanger et de discuter de projets. Ce n’est pourtant pas un moment où chacun valorise son entreprise.
Une seule chose : à refaire !!
Anouck – Domaine Seguin / Concept “Variations”
Le vendredi, j’ai découvert le domaine de Varagnes à Annonay, que possède la famille Seguin. Il s’agit d’une famille d’inventeurs, qui a créé dans ce lieu le premier « FabLab » de l’histoire. Les lieux témoignent encore aujourd’hui de l’émulation artistique, scientifique et technique de cette maison qui a notamment accueilli la famille Montgolfier et les frères Lumière.
Le samedi et le dimanche, de retour au Pradel, j’ai travaillé avec mon équipe sur un dispositif nommé « Variations » qui mêle la réalité virtuelle et le multi-sensoriel. Nous avons filmé un bois de chênes sur 24h afin de capter les variations lumineuses, et avons condensé l’ensemble en une vidéo d’environ une minute, diffusée sur un smartphone placé dans un kinoscope, le casque en carton de réalité virtuelle développé par Google. En parallèle, le visiteur plonge sa main dans une sorte de table à casiers, pour toucher des objets extraits de la nature (ici : de la mousse, de l’écorce, des feuilles mortes, des glands…). Le mouvement de la main déclenche des sons d’ambiance captés dans ce même lieu. Le visiteur utilise donc simultanément plusieurs sens pour s’immerger au coeur d’un patrimoine naturel qui peut être inaccessible (pour des questions de santé ou d’éloignement géographique) et dont il peut enfin percevoir l’évolution au fil du temps et des saisons. ArdècheMixCamp a été une expérience très enrichissante, à la fois sur le plan humain puisque j’ai rencontré des personnes au profil varié et donc avec une approche de la médiation du patrimoine différente de la mienne.
Mathilde – Tourbières de Montselgues / Concept « Balades sensassorielles »
En un temps record, il s’agit de créer un concept de médiation solide en mettant à profit les compétences éclectiques du groupe. L’intérêt est de pouvoir aller jusqu’à la réalisation pratique du concept. Mon équipe a conçu « Les balades sensasorielles », un dispositif interactif sans numérique, qui propose une approche sensible du territoire visité, en se fondant dans celui-ci afin de laisser toute sa place à la nature. L’objectif est de donner à voir à découvrir des détails du paysage en invitant le visiteur à regarder de plus près, à toucher, voire à goûter. Nous avons conçu un grand panneau d’accueil, réalisé à la CNC (fraiseuse à commande numérique) sur lequel les points d’intérêts sont indiqués sur une carte du site schématisée et quelques dispositifs jalonnant le parcours test, invitant les visiteurs à porter attention au paysage qui les entourent.
Le format du mix qui mêle les compétences de personnes d’horizons très divers, et offre des possibilités de créations absolument exceptionnelles permet véritablement une émulation collective. Les conditions sont réunies pour permettre aux mixeurs de réaliser leur prototype en laissant libre cours à leur imagination, avec toujours en ligne de mire la thématique « rendre visible l’invisible », le tout en prenant en considération la pertinence et la faisabilité du projet.
Léa – Tourbières de Montselgues / Concept « Public créateur »
Les tourbières que j’ai visitées font partie du patrimoine naturel et les enjeux de préservation n’y sont pas moindres puisque celles-ci n’existeraient pas sans la main humaine… Pourtant, la médiation y est difficile car les tourbières sont très humides suivant les périodes de l’année, et peuvent manquer d’attrait.
L’équipe que j’ai ensuite jointe s’est attachée à la réalisation d’un dispositif dont la finalité est située entre création et médiation. Grâce à la musique créée sur un instrument par les utilisateurs (publics, visiteurs, médiateurs….) le rendu d’images vidéoprojetées est influencé et modifié en temps réel. Appliqué à la maison Seguin, ce dispositif permet de rendre le visiteur acteur en agissant directement sur des photographies de créations des Seguin. Le but étant donc de créer un dialogue entre les images, de susciter l’intérêt et la curiosité de l’utilisateur avant la visite des lieux. Les différents temps de découverte et de création constituants Ardèche Mix Camp en font un évènement riche, dynamique et très intéressant. En effet, celui-ci permet dans un premier temps de découvrir des paysages naturels puis les moments d’échanges permettent quant à eux de comprendre les différents enjeux patrimoniaux à travers des acteurs locaux aux profils divers. L’objectif étant de réaliser un projet dans un temps relativement court, avec une équipe constituée d’inconnus, il est donc nécessaire de parvenir à une cohésion de groupe, en faisant des sacrifices et même parfois en renonçant à ses idées. Le temps donné est aussi vecteur d’apprentissage, il faut savoir faire une croix sur des projets trop longs à réaliser, et définir une optimisation du temps pour chaque étape de la réalisation. Aussi, la création permet de nous éclairer sur une certaine réalité de terrain à laquelle nous ne sommes pas tous les jours confrontés : composition d’un FabLab et tout ce qui relève de la création technique d’un projet et d’un outil de médiation.
À l’issue du week-end, les prototypes de chaque équipe sont mis à l’épreuve et testés par des élus et professionnels invités.
En conclusion, malgré le peu de sommeil, les conditions de travail étaient extrêmement stimulantes et ce week-end bouillonnant d’idées et de créativité ponctué de savoureux repas made in Ardèche, fut absolument enrichissant pour tous.
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