Comme tous les ans, les étudiant⸱es de première année du master Culture et Communication – Médiations, Musées, Patrimoines de l’Université d’Avignon ont, entre janvier et avril 2021, mené un projet de simulation en collaboration avec une institution culturelle. Cette année, c’est avec la Collection Lambert, que les étudiant⸱es ont travaillé. Ce musée d’art contemporain situé à Avignon rassemble les œuvres du collectionneur Yvon Lambert et a ouvert ses portes en 2000.
La Collection Lambert réfléchit depuis plusieurs années à la question de l’accessibilité de ses espaces pour tous les publics. Dans le cadre du projet, une des principales demandes du cahier des charges était de concevoir une exposition accessible aux personnes porteuses de Troubles du Spectre de l’Autisme (TSA). L’autisme se caractérise par un développement neurologique particulier qui peut avoir des conséquences variées comme des hypo ou hypersensibilités. Cela se traduit souvent par des difficultés de communication et d’adaptation à l’inconnu ainsi qu’une attention accrue aux détails. Les personnes atteintes de ce trouble ont donc une perception différente du monde qui nous entoure. Inspirée par cela, l’exposition avait pour thème « voir le monde autrement » et devait proposer une nouvelle vision de notre environnement à partir des œuvres de la Collection Lambert. L’espace dédié à ce projet était constitué de quatre salles et d’un couloir au rez-de-chaussée du musée.
Les étudiant⸱es ont été séparé⸱es en trois groupes qui tenaient lieu d’agences (les Muséonautes, l’agence Sixième Sens et l’agence Galatée). Chacune a proposé un concept d’exposition différent, ensuite décliné dans des outils de médiation, un plan de communication et une programmation culturelle. Au préalable, les étudiant⸱es ont réalisé des recherches documentaires complétées par une enquête auprès de professionnel⸱les de musée, de santé et de personnes concernées par les TSA.
Le premier groupe, Les Muséonautes, a travaillé sur un concept de quête. En effet, les difficultés rencontrées par les personnes porteuses de TSA pour comprendre les codes sociaux peuvent rappeler celles d’un⸱e voyageur⸱euse dans un pays étranger. L’exposition imaginée propose aux visiteur⸱euses d’entreprendre un voyage d’abord physique puis de plus en plus spirituel dont l’objectif est d’apprendre à mieux se connaître soi-même grâce aux échanges avec les œuvres et les autres visiteur⸱euses.
Après avoir cerné les enjeux d’une visite culturelle pour les publics atteints de troubles du spectre de l’autisme, le deuxième groupe, l’agence Sixième sens, s’est attachée à garantir leur inclusion à tous les niveaux de l’exposition.
Cette dernière est intitulée A la limite ? et propose un parcours s’articulant autour des différentes définitions du mot limite, au cœur du concept d’exposition. La scénographie, la stratégie de communication, la programmation culturelle et artistique ainsi que les différents supports d’aide à la visite font écho aux différents sens du concept et se veulent également inclusifs. Cette exposition s’adresse donc à tou⸱tes et prend en compte les besoins de chacun⸱e. Elle interroge ainsi les limites de chaque individu, porteur ou non de handicap et favorise une prise de conscience collective et personnelle de leur existence.
Enfin, l’idée de faire dialoguer la vision du monde des artistes et celle des personnes atteintes de troubles du spectre de l’autisme a été le point de départ de l’Agence Galatée, le troisième et dernier groupe. En effet, chaque individu développe une vision de ce qui l’entoure qu’il va pouvoir affirmer de manière individuelle comme collective. C’est en pensant l’individu avec cette polyvalence, que le concept d’exposition autour de la notion de l’identité est né.
L’identité est aussi bien une question collective qu’individuelle et le parcours de l’exposition Maybe I am… Je vois comme je suis, construit un cheminement allant de l’identité de groupe vers l’identité individuelle. Différentes étapes vont accompagner le⸱a visiteur⸱euse dans sa visite.Tout d’abord, le public parcourt les trois premières salles qui mettent en avant les thématiques des identités sociales, corporelles et sexuelles, puis il accède à un espace transitoire interrogeant l’identité psychique, avant d’atteindre la dernière salle représentant l’aboutissement de cette réflexion identitaire.
De ces concepts ont ensuite découlé la médiation, la communication et la programmation culturelle de chaque projet. Les étudiant⸱es ont ainsi appris à mobiliser de nombreuses compétences professionnelles mais aussi créatives. Nous sommes reconnaissant⸱es envers la Collection Lambert pour l’opportunité qui nous a été offerte et remercions plus particulièrement Stéphane Ibars et Anaïs Arvis pour leurs conseils. Nous remercions également l’équipe pédagogique qui nous a suivi⸱es tout au long du projet.
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