Penser l'accessibilité des lieux patrimoniaux

Le mercredi 18 septembre, dans le cadre des rencontres professionnelles, Muséocom a eu le plaisir de rencontrer Patricia Souiller, médiatrice culturelle en charge de l’accessibilité au Musée Granet et Manuela Joguet, chargée des publics du champ social et du handicap au MuCEM. 

Manuela Joguet et Patricia Souiller © Muséocom - Federicat Pastoret

Situé à Aix-en-Provence, le Musée Granet naît au XIXème siècle. Ses collections de beaux-arts, allant de l’archéologie à l’art contemporain, sont exposées sur deux sites. L’aménagement récent de la chapelle des Pénitents Blancs, prolongation du musée depuis 2013, lui permet notamment d’obtenir en 2017 le label « Tourisme et handicap » pour ce site. Le musée Granet obtient aussi le prix « Patrimoine pour tous » en 2018. Ces différentes reconnaissances témoignent d’une volonté du musée à tendre vers plus d’accessibilité et notamment à travers la mise en place d’un service des publics spécifiques et d’actions de médiation orientées et adaptées.

Inauguré en juin 2013 le MuCEM ou Musée des Civilisations de l’Europe et de la Méditerranée est un musée de société. Il a pour vocation d’être un lieu d’échanges autour des enjeux méditerranéens et se déploie à travers trois sites : le bâtiment contemporain J4 conçu par Rudy Ricciotti et Roland Carta, le fort Saint-Jean, et le Centre de conservation et de ressources (CCR) dans le quartier de la Belle de Mai. Au même titre que le musée Granet, le MuCEM obtient le label « Tourisme et handicap » en 2014, soit 1 an seulement après son ouverture au public. Cela témoigne de l’engagement du MuCEM envers l’accessibilité, et ce dès lors qu’il est pensé, conçu et réfléchi.

Lors de cette rencontre axée sur l’accessibilité au musée, Manuela Joguet et Patricia Souiller ont toutes deux insisté sur la nécessité d’un service des publics et de médiation en charge des publics dits « empêchés ». Lors de nos échanges c’est aussi et surtout l’importance de travailler et de développer des partenariats avec des associations – dans le champ social ou celui du handicap – qui a été soulignée afin de cerner et de pourvoir au mieux aux besoins et aux modes d’accès de ces publics.

Si ces différentes considérations sont de plus en plus reconnues dans le champ culturel elles se heurtent toutefois à certaines difficultés. Les bâtis classés par exemple ne peuvent être transformés ce qui, dans le cas du Fort Saint Jean pour le MuCEM, peut devenir un obstacle à l’accessibilité. Aussi, Manuela Joguet a souligné dans son discours l’importance de former toutes les équipes d’une institution afin de pouvoir travailler de concert sur les mêmes objectifs d’accessibilité depuis la conception d’une exposition jusqu’à sa réalisation, son animation, ses à-côtés. Elle insiste sur le fait qu’adapter une exposition à un public en particulier peut profiter par ailleurs à bien d’autres.  

Dans les faits, être chargé.e de publics en situation de handicap ou du champ social c’est « écouter, partager et recevoir ». Pour Patricia Souiller cela peut se traduire par des visites sensorielles, odorantes ou encore tactiles. Il s’agit également d’utiliser la description, d’uniformiser tous les cartels, de mobiliser des moments calmes comme la fermeture du musée pour accueillir des visiteurs ayant du mal à se concentrer, de développer des partenariats avec des hôpitaux psychiatriques afin d’organiser des visites et animations régulières, etc. Manuela Joguet insiste aussi sur l’importance de faire appel à l’émotion et l’imagination, de manière à ce que les publics se détachent un peu plus de la transmission de connaissances. Enfin, il est nécessaire d’adapter son langage, en utilisant le français facile à lire et à comprendre (FALC) par exemple, et bien entendu d’adapter les tarifs et droits d’entrées.

« La personne est handicapée si l’environnement qui l’entoure est handicapant »

                                                                      Manuela Joguet

À travers ces différentes mises en œuvre le MuCEM et le musée Granet ont obtenu différents labels qui peuvent également être sources de subventions. Ces aides financières permettent alors d’envisager l’avenir du musée vers une accessibilité plus grande et un travail toujours plus poussé pour un aménagement des institutions et de leurs actions envers tous les publics. Manuela Joguet souhaite ainsi davantage travailler sur les publics du champ social et le site du Fort Saint Jean. Patricia Souiller souhaite quant à elle développer des actions en faveur du public carcéral.

Les membres de Muséocom remercient grandement Patricia Souiller et Manuela Joguet pour leur intervention, leur discours riche d’expériences et de connaissances et leur partage.


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