Le métier de conservateur

Chaque année, les rencontres professionnelles sont un moyen pour les membres de Muséocom de se familiariser avec les diverses professions que recouvre le champ culturel. Le 17 septembre, la Jeune Agence a eu l’occasion d’accueillir Odile Guichard, conservatrice au Musée Vouland, afin de discuter du métier de conservateur dans le contexte actuel.

Le Musée Vouland, spécialisé dans les arts décoratifs, se situe dans un Hôtel particulier du XIIIème siècle. Il présente également une collection dédiée aux arts de Provence et Languedoc, ainsi que des œuvres contemporaines. Ce lieu unique, situé dans le centre de la ville d’Avignon, s’ouvre sur un jardin, prolongement du musée, où les visiteurs peuvent se détendre et faire une pause dans leur visite

Jardin du Musée Vouland © Muséocom

Arrivée au sein de l’établissement en 2015, Odile Guichard décrit son parcours professionnel comme relativement linéaire. Suite à l’obtention d’un DEUG géographie à l’Université Paul Valéry et un poste à la Bibliothèque nationale de Paris, elle poursuit ses études en Histoire de l’art à l’école du Louvre en complétant avec une formation de documentaliste. Après avoir travaillé dans différents musées de la capitale, O. Guichard obtient un Master d’urbanisme durable à l’institut d’Urbanisme et d’Aménagement Régional. C’est notamment son expérience dans l’architecture du patrimoine qui lui permet d’être retenue en tant que conservatrice au Musée Vouland.

Tout au long de ce temps d’échange, Odile Guichard rend compte de l’évolution du métier de conservateur et de la réalité à laquelle ce dernier est aujourd’hui confronté. En effet, face au développement du numérique et l’accès renforcé à une culture dématérialisée, la mission du conservateur doit s’adapter à la nécessaire redéfinition du musée. Rappelons qu’en 2008, l’ICOM définissait le musée comme « une institution permanente sans but lucratif au service de la société et de son développement, ouverte au public, qui acquiert, conserve, étudie, expose et transmet le patrimoine matériel et immatériel de l’humanité et de son environnement à des fins d’études, d’éducation et de délectation. ». Aujourd’hui, en 2019, cette définition évolue, et a récemment été actée par les membres de l’institution. Désormais, « les musées sont des lieux de démocratisation inclusifs et polyphoniques, dédiés au dialogue critique sur les passés et les futurs. Reconnaissant et abordant les conflits et les défis du présent, ils sont les dépositaires d’artefacts et de spécimens pour la société. Ils sauvegardent des mémoires diverses pour les générations futures et garantissent l’égalité des droits et l’égalité d’accès au patrimoine pour tous les peuples. Les musées n’ont pas de but lucratif. Ils sont participatifs et transparents, et travaillent en collaboration active avec et pour diverses communautés afin de collecter, préserver, étudier, interpréter, exposer, et améliorer les compréhensions du monde, dans le but de contribuer à la dignité humaine et à la justice sociale, à l’égalité mondiale et au bien-être planétaire».

Or, le métier de conservateur dépend de la façon dont on définit un musée et ses missions, son rôle en est indissociable. Face au renouvellement de l’identité constitutionnelle d’un musée, et notamment sur la question des collections qui, désormais, n’est plus une condition à l’appellation « musée », comment déterminer la mission du conservateur aujourd’hui ? Par ailleurs, de plus en plus de structures muséales font aujourd’hui appel à des profil variés (communiquant, administrateur, etc.) avec des parcours divers afin de dynamiser la politique de l’établissement. 

Selon Odile Guichard, les difficultés sont d’autant plus présentes au sein de petits musées comme le musée Vouland, qui ne possède pas d’œuvres majeures ou de « tête d’affiches ». Comment faire venir des publics dans un musée qui n’est pas subventionné, et qui a pour cœur de mission de rendre accessible les collections et les arts de Provence et du Languedoc ? Ainsi, si les missions du conservateur tournent autour des collections (organisation, conservation, enrichissement, mise en valeur, etc.), le métier possède des spécificités en fonction de la taille et des ressources de l’établissement. Face aux problématiques auxquels le champ muséal est confronté aujourd’hui, le métier de conservateur semble être amené à s’adapter aux évolutions du champ muséal.

L’ensemble des membres de Muséocom remercie chaleureusement Odile Guichard pour son temps et le partage de son expérience sur le sujet. 


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