Nom / Prénom : Eloïse Bosq 

Promotion : 2020-2021

Poste actuel : Chargée de production 

Structure : Compagnie Le Théâtre de la mer 

Ville : Marseille

©Eloïse Bosq.2022

1/En quelques lignes, pourrais-tu nous résumer ton parcours post bac ? 

Après mon bac, j’ai fait une licence d’histoire mention géographie à l’université Paul-Valéry de Montpellier. À la base, je me destinais à être dans l’enseignement, j’avais pas du tout prévu cette tournure-là. Après avoir obtenu cette licence, j’ai continué en master de recherche histoire, toujours à Montpellier, parce que je voulais passer l’agrégation. Je ne savais pas encore si je voulais être dans l’enseignement secondaire ou supérieur, et il s’est avéré finalement que ça a été ni l’un ni l’autre, puisque ça ne m’a pas plu ! J’ai interrompu mon master au bout de 6 mois, et j’ai pris quelques mois pour me poser et réfléchir à ce que je voulais vraiment. C’était un peu la douche froide pour moi, parce que c’était ce à quoi je m’étais toujours destinée. En me posant, je me suis dit « pourquoi ne pas faire un métier passion ? ». Au final, j’aime les musées, la culture, tout ce qui est lié à l’art, donc pourquoi ne pas regarder là-dedans ? Et ça ne me demandait pas non plus d’entamer de nouvelles études, c’était cohérent par rapport à mon parcours. Du coup, c’est comme ça que j’ai intégré le master Culture et Communication, parcours Musées, Médiations et Patrimoines à Avignon. J’avais candidaté à différents masters, et puis finalement j’ai été prise à Avignon. C’était le programme qui me plaisait le plus par rapport à la maquette. En fait, pour tout vous dire, j’étais sur liste d’attente et j’ai été prise au dernier moment. J’étais un peu arrivée en catastrophe, mais j’étais trop contente d’être prise !

 2/Aujourd’hui, que fais-tu dans la vie et quelles sont tes missions ? 

Aujourd’hui, je suis chargée de production pour une compagnie de théâtre qui a un lieu aussi. Plus globalement, je travaille pour la compagnie mais je gère aussi le théâtre. Mes missions sont assez nombreuses. Principalement, mon travail consiste à faire entrer de l’argent dans la structure, c’est-à-dire que je vais m’occuper de tout ce qui est demande de subventionsdonc je vais travailler avec la directrice artistique, qui va proposer un projet artistique, et moi je vais le penser dans son opérativitéConcrètement, c’est un peu ce que vous faites avec les propales pour Muséocom. 

©Eloïse Bosq.2022

Je vais réfléchir au calendrier, aux personnes qu’on va mettre sur l’action, combien de séances, et chiffrer tout ça. Et ensuite, je vais aussi m’occuper de la mise en œuvre de cette action. Vu que c’est moi qui réfléchit à son opérativité, je réfléchis aussi à comment elle se déploie sur le terrain, mettre en relation tous·tes les acteur·ices entre elles·eux pour que ça se passe bien. Et ensuite, il faut produire un bilan, que ce soit financier comme quantitatif et qualitatif de cette action.

De la même façon, c’est moi qui m’occupe de tout ce qui est prestations extérieures que la compagnie peut faire, c’est-à-dire des spectacles, des actions d’ateliers, etc. Je vais m’occuper de toute la location du théâtre aussi, le mettre à disposition pour d’autres compagnies : combien ça leur coûte, comment ça s’organise, comment va se dérouler la soirée, etc. Je m’occupe aussi de toute la facturation de l’association. Ça peut faire peur comme ça, mais nous ne sommes que quatre ! Je fais un peu la programmation, aussi, avec la directrice artistique. Administrativement, je suis très impliquée dans la rédaction de rapports : rapport global d’activité, perspectives de développement, tout ce qui est volet économique de la structure. Je rédige également ce qui est lié à des contrats de vente de spectacles, de mise à disposition du lieu, etc. C’est moi qui crée le cadre juridique de ce qu’il se passe dans et hors de la structure et nos relations avec les autres compagnies. De la même façon, je m’occupe des relations avec les financeur·euses

Je m’occupe aussi de toute la communication de la compagnie. Actuellement, dans mon poste qui est déjà bien chargé, c’est secondaire mais ça ne devrait pas l’être. Ça l’est parce que je suis à la fois sur la création et sur la diffusion de la communication, donc ça prend du temps, même si on a un graphiste qui travaille avec nous. Il produit les gros documents de communication type programme. Moi, je vais plutôt produire en interne : petits flyers, petites affiches, livrets de médiation, etc. La communication, c’est tout ce qui inclut aussi réseaux sociaux et site internet.

De la même façon, je coordonne tout ce qui se passe dans le lieu aussi, c’est-à-dire le public qu’on reçoit, dans quelles conditions, qui sera présent·e sur scène, voilà !

©Eloïse Bosq.2022

Du coup, tu as dit que vous étiez quatre à faire tout ça ou tu es seule ?

Alors, le contexte actuel est un peu particulier. Il y a la directrice artistique qui est la directrice du lieu, il y a une comptable à mi-temps, et normalement, il y a une chargée des partenariats, mais ce poste va être renouvelé puisque le contrat de la personne s’est terminé il y a deux mois. Du coup, ça fait deux mois qu’on fonctionne à effectif plus que réduit. En plus de mes missions habituelles, je n’ai pas le temps de m’occuper de la communication. Je m’occupe de tout ce qui est relationnel avec nos partenaires sur le territoire, c’est-à-dire les acteur·ices sociaux·ales, éducatif·ves, culturel·les et sportif·ves avec qui on est en relation. Normalement, cette partie relations publiques et partenariats me concerne beaucoup moins, mais là c’est vrai que je m’en occupe. Sinon, les missions précédentes sont celles de ma fiche de poste.

3/Quelles étaient tes fonctions dans la Jeune Agence Muséocom ? 

J’étais présidente de Muséocom. Je m’occupais de manager un peu tout le monde, enfin, je n’appellerais pas ça forcément du management, mais je devais animer les réunions, voir comment chacun·e se positionne par rapport aux projets, distribuer les missions de chacun·e, veiller à ce que tout fonctionne bien, à ce que tout aille bien. J’ai aussi fait énormément de rendez-vous professionnels et de prises de contact.

Je pense que la plupart des projets que vous êtes en train d’exécuter maintenant sont des projets que j’ai moi-même démarché et pour lesquels j’ai fait la propale. À partir du mois de mars 2021, c’était un peu la levée des restrictions sanitaires, donc toutes les structures culturelles se sont réveillées et nous ont contacté·es. À ce moment-là, beaucoup étaient occupé·es et/ou en stage, donc nous étions un petit groupe de 2-3 à être très impliqué·es. Pendant mon stage, j’ai fait beaucoup de rendez-vous professionnels et de propales, des choses qui ont donné lieu au gros projet du Moulin Cornille ou des Musées de la ville de Marseille par exemple.

C’était ton souhait d’être présidente de la Jeune Agence ?

Oui, c’était mon souhait. Je me souviens, quand je suis arrivée dans le master, c’était un rôle qui me faisait rêver. C’est surtout le fait que ce poste permet d’avoir une visibilité totale sur le fonctionnement d’une association, ce qui m’aide énormément aujourd’hui dans mon travail. C’était quelque chose que je voulais faire aussi parce que je me reconnaissais beaucoup moins dans les autres pôles. J’avais cet attrait de comprendre quels étaient les rouages d’une association, et ce poste s’y prêtait bien. À la fin de la première année, je pense que même mes ami·es du master m’avaient identifiée comme étant la personne pour ce poste. Je me souviens que personne ne le voulait particulièrement non plus.

Muséocom a d’ailleurs totalement motivé mon choix d’intégrer le master, puisque c’est concret et professionnalisant. Le fait qu’il y ait deux stages à faire, va aussi dans ce sens.

4/Quels étaient tes projets préférés et pourquoi ? 

J’ai été impliquée dans deux projets. J’étais cheffe du projet Puits de Sciences à Gardanne pour la rédaction du PSC (Projet Scientifique et Culturel) du lieu. Le Puits de Sciences nous avait consulté·es pour qu’on relise, qu’on l’aide, qu’on lui donne des orientations, etc. C’était un peu une expertise conseil de son PSC. 

J’ai aussi participé au projet de la vidéo de médiation pour l’Abbaye Saint-André à Villeneuve-lez-Avignon, ce qui m’a permis ensuite de faire un stage là-bas. Ce projet-là était mon préféré parce que je l’ai fait avec des personnes avec qui j’ai adoré travaillé. On était très complémentaires dans la réalisation de ce projet. Ça m’a permis de toucher à quelque chose à laquelle je n’avais jamais manifesté d’intérêt avant, à savoir la vidéo, la captation vidéo, le montage, l’écriture d’un script, toute cette partie-là était très enrichissante. Et puis, franchement, le cadre de l’Abbaye Saint-André est assez incroyable. Le projet dans son entièreté m’a beaucoup plu parce qu’on avait trié des archives, on était tombé·es sur des vieilles photos, etc. Dans la façon dont c’était construit et dont ça se déployait, j’ai beaucoup aimé. Puis à la fin c’était très concret puisque on a vu la vidéo qui a été directement installée. Du coup, il y avait quelque chose de très tangible où on pouvait aller voir notre travail.

Ce projet Muséocom t’a permis de trouver ton stage de fin d’études ?

Oui. En fait, j’étais en pleine recherche de stage, sachant qu’en M1, on n’avait pas pu partir en stage à cause du Covid. Seulement 2 ou 3 personnes, je crois, avaient pu faire leur stage. Au détour d’une conversation, on parlait de la recherche de stage, et il est vrai qu’à ce moment-là je m’imaginais plutôt partir dans la conception d’exposition. L’équipe de l’Abbaye Saint-André était très intéressée puisqu’ils·elles prennent des stagiaires tous les étés et donc ils·elles souhaitaient diffuser cette information auprès des étudiant·es du master. J’ai donc envoyé mon CV et ma lettre de motivation et j’ai été prise.

5/Qu’est-ce que Muséocom t’as apporté dans ta vie professionnelle et personnelle ? 

Professionnellement parlant, c’est beaucoup plus évident. Je pense que Muséocom est une boîte à outils incroyable quand on entre dans le monde professionnel. La plus grosse qualité que m’a donnée Muséocom c’est de savoir budgétiser. Le fait d’avoir multiplié les propales me permet maintenant dans mon métier de savoir chiffrer et aussi de pas avoir peur de parler d’argent. Avec un·e professionnel·le, on parle d’un service, d’un échange, dans ce cas-là la contrepartie financière existe et on ne peut pas la nier. Aussi, d’être très à l’aise dans mes relations professionnelles extérieures, de pas avoir peur d’y aller, de parler, de se présenter, de négocier. Pareil en termes d’outils d’organisation. C’est-à-dire qu’il y a une rigueur qui est imposée au sein de Muséocom : il faut que ce soit organisé parce qu’on est plusieurs. Il y a des méthodes que j’utilisais pour Muséocom que j’applique encore aujourd’hui dans le domaine professionnel. Donc oui, Muséocom m’a apporté beaucoup de rigueur, d’organisation et de confiance dans ce que j’entreprends

Dans ma vie personnelle, je pense que ça m’a donné confiance en moi, en mes capacités à pouvoir entreprendre des choses et d’aller au bout des choses. De se dire aussi qu’il ne faut pas avoir peur de se tromper. On a tous·tes droit à l’erreur, il suffit juste de le reconnaître. Je pense que maintenant, avec du recul, Muséocom m’a permis d’être beaucoup plus patiente et indulgente dans mon travail. Je ne l’étais pas quand j’étais à Muséocom, je m’attendais à ce que les gens aient le même rythme de travail que moi et ce n’était pas le cas, j’en étais très frustrée et parfois même désagréable. Maintenant, la mauvaise expérience qu’a été mon relationnel avec les autres, par rapport à cette exigence, m’a permis d’être beaucoup plus calme et douce dans mon travail et dans mes relations avec les autres, de ne plus être dans l’attente. De la même manière, j’ai appris à vraiment travailler en équipe.

©Eloïse Bosq.2022

6/En 3 mots, pourrais-tu résumer ton expérience au sein de Muséocom ? Pourquoi ces mots ? 

Enrichissante : que ce soit en termes d’humain ou de compétence, parce qu’en tant que présidente, Muséocom a été ma vie pendant 1 an. C’est très fédérateur.

Professionnalisante : c’est hyper important de le dire. Pour le coup, ça m’a vraiment propulsée dans le monde professionnel et donc de l’aborder avec beaucoup plus de confiance. Et même lors d’entretiens d’embauche, j’avais parfois l’impression de candidater à des postes beaucoup trop hauts par rapport à mes compétences. En fait, je pouvais me servir de Muséocom pour me vendre et ça marchait vraiment bien parce que c’était une expérience concrète, ça parlait aux gens puisqu’on travaillait avec des vrai·es acteur·ices du secteur culturel. Ça faisait foi plutôt qu’un projet scolaire vu que Muséocom est une association.

Stimulante : puisque j’ai pu développer en moi des compétences qui ne m’intéressaient pas forcément, comme tout ce qui concerne la communication. J’étais très proche d’Anna Furget qui était au pôle communication. Le fait de superviser la communication me permettait d’y toucher, et ce n’était pas du tout mon domaine de compétence de base. Quand je suis entrée dans le monde professionnel, c’est l’une des premières choses que j’ai faite et qui a été valorisée professionnellement. C’est assez rigolo parce que par rapport à tout le master, j’étais pas du tout venue là pour la communication, ça ne me plaisait pas. Pourtant, ça a été un tremplin professionnel pour moi.

7/As-tu découvert des métiers par le biais de Muséocom, des étapes d’un projet culturel que tu ne connaissais pas avant ? 

Je ne suis pas sûre d’avoir découvert des métiers grâce à Muséocom. Je pense que c’est plus le master qui m’a fait découvrir finalement tous les petits métiers qui peuvent exister autour du secteur culturel, comme tous·tes les prestataires ou les petites choses auxquelles on ne pense pas. 

C’est aussi le master qui m’a fait découvrir des étapes d’un projet culturel, puisqu’il nous prépare pour Muséocom plus tard. Je n’imaginais pas que ces étapes étaient autant découpées. J’ai découvert tout ce travail d’étude préalable, de rigueur, qui est très important. C’est se dire qu’avant de se lancer dans quelque chose, il faut regarder ce qui a été fait autour de soi, comment l’aborder et étudier avant 100% du sujet pour pouvoir ensuite passer à l’opérativité.

8/As-tu des conseils à donner aux futurs membres de Muséocom qui passent par là ? 

Soyez plus patient·es que moi ! Franchement, le meilleur conseil que j’ai à vous donner c’est de prendre tout ce que vous avez envie de prendre de cette expérience, parce que l’avantage avec Muséocom c’est que vous pouvez à la fois vous spécialiser et à la fois voir plein de choses différentes. Je pense qu’il ne faut pas avoir peur de s’impliquer dans des projets où on a zéro compétence parce que c’est le moment dans votre vie de tester ça. Il faut vivre cette expérience de façon enrichissante et voir ça comme des cadeaux qu’on vous donne pour plus tard, même si sur le coup, quand on est dedans, on peut être à 1000 lieues de tout ça. C’est après, lorsqu’on fait un pas en arrière, on se rend compte qu’on apprend plein de choses. Avec le recul, je suis très contente de tout ce j’ai fait dans Muséocom. Il ne faut pas trop se prendre au sérieux et se dire que ce sont des choses qui vous serviront plus tard et qui sont à vôtre 

©Eloïse Bosq.2022

disposition, et c’est à vous de décider si oui ou non vous voulez les saisir maintenant ou pas. Pour terminer, je dirais que pour mon cas, je me suis fait beaucoup d’ami·es dans le master de manière générale et dans Muséocom. Ce sont des gens avec qui je suis encore très amie maintenant, et en fait, toute cette mise en réseau que permet Muséocom, que ce soit avec les personnes qui sont avec vous dans votre promotion mais aussi avec tout le réseau professionnel que vous rencontrez, est très important dans votre vie future. De mon côté, je ne suis pas partie bien loin, je suis à Marseille donc c’est facile, Muséocom a beaucoup travaillé en région PACA, mais ce sont des gens que vous re-rencontrez dans le secteur professionnel sous une autre étiquette du coup, mais une identification est déjà là. Le fait d’avoir des connaissances de connaissances de connaissances facilite bien des choses. Il ne faut pas sous-estimer la capacité du réseau

Interview réalisée par : Chloé Debauf et Emma Pulze (étudiantes du M2 Médiations, Musées et Patrimoines), le 9 décembre 2022 en visio-conférence. 


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