© Le site mémoriel Camp des Milles à Aix-en Provence  © L.M/FTV, la Prison des Baumettes à Marseille (De gauche à droite)

Le mercredi 27 janvier était organisée une matinée de rencontre avec Bernard Mossé, responsable des contenus scientifiques au Camp des Milles à Aix-en-Provence, et avec Jean-Lucien Sanchez, chargé d’études référent histoire et patrimoine à la Direction de l’administration pénitentiaire.  C’était pour nous l’occasion de découvrir et d’échanger autour du sujet des lieux de mémoire, dans le cadre d’une semaine de rencontres professionnelles. Les deux intervenants ont donc présenté les structures pour lesquelles ils travaillent et les projets qu’ils y ont développés. Ils ont ensuite conclu leurs présentations en évoquant leurs parcours professionnels.

Dans un premier temps, Bernard Mossé nous a présenté le camp des Milles, un site de mémoire abritant un musée en son sein. Le camp des Milles est en effet une ancienne usine, ayant servi de camp d’internement et de déportation pendant la Seconde Guerre mondiale, de septembre 1939 à l’été 1942. Le camp des Milles a donc connu un peu plus de trois ans d’activité et a vu passer plus de 10 000 internés. L’activité de ce camp se divise en trois périodes : en premier, l’enfermement des soldats allemands prisonniers de guerre ; puis, lorsque la France perd la guerre, il devient un camp pour les étrangers ; finalement, en 1942 il se transforme en camp de déportation et d’extermination des juifs. 

Désormais, le camp des Milles est devenu un lieu mémoriel emblématique de la lutte contre les discriminations. En effet, Bernard Mossé nous a expliqué à quel point le volet éducatif est au cœur de leurs projets. Les sciences humaines et sociales sont d’ailleurs utilisées afin d’aider les visiteurs à comprendre et dégager des leçons universelles de la Shoah. Les jeunes publics étant leur cible principale, un socle scientifique et pédagogique est utilisé afin d’alerter les enfants contre les discriminations. Des actions de sensibilisation sont ainsi menées, par exemple auprès de jeunes radicalisés. Le camp des Milles s’occupe également beaucoup de la culture, en accueillant des artistes, en organisant des expositions, et en proposant un musée au sein du camp. Bernard Mossé, à notre demande, nous a ensuite partagé son parcours professionnel, notamment au sein de l’éducation nationale, avant de passer la parole à monsieur Sanchez.

Jean-Lucien Sanchez, historien à la direction de l’administration pénitentiaire, a donc pris la suite de cette présentation pour nous parler de son expérience professionnelle et de son travail sur le projet “Adieu Baumettes”, en lien avec la prison des Baumettes. Cette prison, située à Marseille, a été construite entre 1933 et 1939 à partir des plans de Gaston Castel. Dès 1938, l’architecte a fait orner les murs extérieurs de l’établissement de 7 statues signées Antoine Sartorio et représentant les 7 pêchés capitaux. Ces ornements sont aujourd’hui classés. Ce n’est qu’après la Seconde Guerre mondiale que la prison des Baumettes est réellement mise en service, cependant, de 1940 à 1945, elle est utilisée par les Allemands pour incarcérer les déportés envoyés dans les camps de concentration, mais aussi pour héberger des travailleurs indochinois lors de leur arrivée en France.

Au fil du temps, cet établissement connaît plusieurs événements et prisonniers mémorables. C’est également un lieu connu pour être à l’origine des premières avancées en termes de condition de vie carcérale. Tous ces éléments sont expliqués dans l’exposition initiée par le projet “Adieu Baumettes”. En effet, en 2018, le bâtiment historique de la prison des Baumettes ferme ses portes pour laisser la place à un bâtiment plus récent. Avec le projet “Adieu Baumettes”, la prison s’ouvre donc au public pour raconter son histoire particulière durant quelques mois, avant d’être détruite. Comme nous l’explique Jean-Lucien Sanchez, ce projet permet de montrer la réalité de l’incarcération et rendre hommage aux personnels pénitentiaires et aux bénévoles qui y ont travaillé. Après une riche présentation sur les différentes initiatives entreprises autour du projet “Adieu Baumettes”, Jean-Lucien Sanchez nous a donc évoqué son parcours professionnel, notamment dans la recherche et dans l’enseignement, pour ne citer que cela.

Ces deux intervenants nous ont présenté les enjeux auxquels doivent répondre les lieux de mémoire lorsqu’ils se transforment en lieux de visite et d’exposition. Il semble alors important de trouver une place entre explications historiques et travail d’enseignement et de médiation.

 


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